lundi 12 novembre 2012

Highlands and Scottish Way of Life



Début Août, lors d'un regroupement de copains dans le sud de la France, alors que la température extérieure atteignait facilement les 30 degrés, voilà Greg qui me demande ou l'on va se promener en Automne... Là, sans réflexion, je lui réponds par une interrogation pour savoir quand notre copain Max commence son nouveau job en Grande Bretagne? "-Début septembre." Deux secondes de réflexion plus tard, je lui proposais de se faire une grosse rando en Ecosse et de profiter de la balade pour aller visiter notre ami fraîchement débarqué là-bas, histoire de voir son établi était déjà installé. Début Septembre, je recevais un mail me proposant un départ pour Édimbourg pour le 15 septembre. Outre ce concours de circonstance, l'occasion de voir un pote et de faire un tour du côté de Nottingham, l'Ecosse, c'est quand même tout un symbôle. Ses lochs et ses landes, ses kilts et cornemuses, ses vaches et moutons, sa météo et ses immortels MacLeods. 

Un imaginaire riche et attirant pour une des régions les plus sauvage d'Europe... Et c'est peut dire. Pour une fois, c'est Greg qui se charge de l'itinéraire. L'idée est de rejoindre Cape Wrath à la pointe ouest de l'Ecosse par l'itinéraire le plus sauvage possible en autonomie totale.



Qui dit autonomie totale dit aussi un peu de matériel pour une dizaine de jours. Une trentaine de plats lyophilisés pour les petits déjeuners et les 2 repas par jours. Ca semble énorme sur le début, mais il faut ça avec les 25 à 30 bornes prévues par jour, dans un terrain pas toujours super sec et lisse et des sacs de 20kg.

Nous voilà en route pour Édimbourg, non sans quelques soucis de cartouches de gaz à Marignane. Premier coup de stress vite estompé, une gentille suédoise vivant en Ecosse nous confirme que les magasins sont ouverts le dimanche. Nous devrions pouvoir trouver des cartouches de gaz sur place... Pour enfoncer le clou, l'avion arrive avec du retard, nous ratons la dernière navette express pour le centre ville à cause de Greg qui voulait retirer des sous. Nous arriverons donc après la fermeture de notre auberge. Damn it!!! L'avantage, c'est qu’Édimbourg est une ville étudiante plutôt animée, j'en veux pour preuve le nombre de gens passablement éméchés que nous croiserons dans les rues. Avec nos maisons sur le dos, on fait tâche (enfin surtout Greg). Après une courte nuit dans une auberge de jeunesse, ponctuée par les va et vient des ronfleurs/bourrés dans les chambres, la chance tourne. On trouve nos cartouches de gaz après 3 magasins, on arrive à laisser des affaires dans une consigne et à prendre notre train à temps pour Inverness puis les Highlands...

Bruyères et arc-en-ciel à Achnashellach

Le précédent billet se terminait par une petite remarque que l'on pourrait refaire ici sur notre époque. En un peu moins de 24h portes à quai, nous sommes passé d'un quartier animé de Marseille à Achnashellach‎ , un hameau au beau milieu de nul-part, ou il a fallut demander au chauffeur du train de s'arrêter pour pouvoir descendre à cette arrêt. Achnashellach‎ (je vous mets au défi de le prononcer correctement, et encore plus de se faire comprendre par quiconque une fois sur place) est en fait un regroupement de 3 maisons sur la ligne de chemin de fer entre Inverness et Dornie , près du loch Dughaill. C'est une cinquantaine de mètre plus haut que nous passerons notre première nuit, au milieu des bruyères et sous une petite pluie, attaqué par des midges...


Jour 1: Doute sur l'itinéraire près de Loch Coulin... Heureusement les vaches sont là pour aider Greg dans la lecture de la carte.


Jour 2: Quelque part en aval de Lochan Fada. A ce stade, je tiens à préciser que Greg est un grand amateur de panoramique et que tous sont fait par ses soins (cliquer sur l'image pour la voir en grand).
Traversée de rivière en direction du Loch Na Sealga, un peu avant des trombes de grêle...

3 eme bivouac en aval du Loch Coire Chaorachain.

Jour 4: Au dessus de Allt Gleann Chaorachain et vue sur Little Loch Broon.

Entre Loch An Airceil et Loch Nan Eun.

4eme bivouac au milieu de nul-part. Grandiose au levé du soleil...
... Quoiqu'un peu frais dans l'ensemble! On aura l'occasion de voir des cerfs et des biches en pagaille. Et les chasseurs qui vont avec.

Jour 5: Loch an Daimh. Premier jour de grand soleil, et l'occasion de faire sécher la tente un poil humide pendant la pause de midi.

Fin du jour 5, près de Ullapool, rejoint en stop pour racheter une cartouche de gaz.

Là encore, chance, on est pris immédiatement en stop près de Oykel Bridge par un randonneur et on arrive au moment ou le patron du magasin ferme la porte à clef. Après un grand sourire en lui montrant notre bouteille de gaz vide, il nous en vend une... ouf!!! Pour l'anecdote, l'un des avantages de partir en rando avec un vieux, c'est qu'il attire les mères célibataires. Cela nous permettra de rejoindre Inchnadamph, près du Loch Assynt, dans la soirée et de profiter d'un superbe couché de soleil pendant le teatime de la mère et du fils qui nous auront pris en stop. Pour info, le loch Assynt est le loch de la célèbre famille MacLeod déjà mentionnée auparavant. Avec son château en ruine Ardvreck Castle et tout et tout... Toute la nuit, je n'ai pensé qu'à cette phrase: "Il ne peut en rester qu'un!". Inutile de dire que Greg était inquiet quant à mon regard au petit matin... 

Jour 6: Loch Fleodach Coire avant le lunch, le vent et la pluie.
Les Highlanders sous une pluie fine.

Loch Glencoul et vieux manoir.
7eme nuit: Couché de soleil sur Glencoul au manoir.
La cheminée que nous n'arriverons pas à allumer, le papier étant très humides. Tant pis, on se contera de ne pas avoir à monter la tente.
 A ce stade, il est utile de préciser que l’Écosse est parsemé de petits refuges appelé Bothies. Il s'agit de vieilles bâtisses typique de la région, retapées par la Moutain Bothies Association avec l'accord des propriétaires. A noter que ces cabanes, gratuites d'accès sont plus ou moins en bonne état, avec parfois un petit stock de bois, mais toujours un toit, quelques revus, des cartes du coin et l'outillage minimal (pelle, scie, balais) et parfois des cartouches de gaz et un peu de nourriture. Sans parler du caractère historique de certaine, c'est l'occasion de se poser au sec, bien souvent dans un coin perdu et magnifique. On ne répètera jamais assez qu'il faut prendre soin de ces refuges car mis à la disposition de tous et gratuitement. Et c'est valable dans nos Alpes. Merci donc des les laisser propre et ranger, quitte à enseigner ça à votre voisin d'une nuit. 

Jour 7: Loch Glendhu. Encore une journée ensoleillée.

Bothy Glendhu avec un beau glandu devant...
Toujours jour 7: après Achfary, au bord du Lock Stack


He's a poor lonesome walker...
Jour 8: Greg, heureux de voir la mer. Là, on sent que l'on se rapproche de l'objectif final. Au loin, on distingue Sandwood Bay.
Nuit 9: dernier bothy avant Cape Wrath.

Jour 9: Quelques pas avant la plage.
Here we are... Ou presque.
Sandwood beach, son sable, ses rochers, son monolythe, et personne d'autres...
Dernière mois, l'objectif de la rando: Cape Wrath, à quelques heures de marche.
Il faut savoir que les lieux peuvent être dangereux, car appartenant à la royale armée de sa Majesté. Heureusement, j'avais emporté un Gre(tch)g démineur avec moi.
Cape Wrath et son phare. Nous y sommes enfin arrivés, sous une pluie battante, trempés presque jusque au os. Heureusement, on pourra prendre un thé chaud auprès du gardien des lieux.
Last but not least, dernier mais au combien royal bothy dans Kearvaig Bay.
10 eme nuit: Avec bois et papier sec, banc, de quoi sécher les affaires. Le top.

Et la mer avant le grand Nord. Assez grandiose, bien qu'avec un fond de l'air et de l'eau assez frais.

Après une journée humide et un peu de découragement lorsque l'on a appris qu'il n'y aurait pas de navette pour traverser le canal, un peu de lecture au coin de la cheminée et tous ces petits soucis s'envolent en fumée.
Jour 10: le canal que nous ne pourrons pas traverser à cause d'un vent trop important.
La balade se terminera sur la route de Durness, après avoir quitté le chemin menant au débarcadère. Encore une grosse quinzaine de kilomètres dans la lande. Pour le retour, ce sera du stop jusqu'à Inverness puis à nouveau le train pour Édimbourg puis Nottingham.

Topo: 10 jours, 240 km, entre 300 et 800 m de D+ par jours. 


L'un des gros avantages de l'Ecosse, c'est de ne pas avoir de sentier de grande randonnée comme nous en avons en France. Du coup, chacun est assez libre d'établir son propre itinéraire. Des sites très bien foutus comme Walkhighlands permettent de voir des exemples d'itinéraires et de confectionner le sien. Voici un aperçu de l'itinéraire, mais je ne le détaillerais pas, les infos ci-dessus sont de bonnes indications. N'hésitez pas non plus à envoyer un message ou à demander des infos complémentaires.


J'encourage d'ailleurs les gens à se faire leur propre itinéraire afin de pouvoir pleinement profiter de l'aventure. Il faut quand même garder en tête deux ou trois choses:

-Nous n'avons croiser aucun panneau pendant toute la rando. Mieux vaut donc être habitué à la lecture de carte et savoir s'orienter, parfois dans des conditions météos déplorables. Rassurez vous cependant, ça a beau être sauvage, ce n'est pas insurmontable, les rivières, les sommets et les quelques routes offrent quand même de bon repère. 

-Les terrains et les chemins varient en qualité de manière assez brutal. Vous êtes sur un chemin forestier large et sec et la seconde d'après, vous pouvez vous retrouver avec des marais et des vasques d'eau. Donc adapté votre itinéraire à votre niveau.

-Pensez au bothies pour ceux pour qui la tente est plus un calvaire qu'un plaisir ou pour ceux qui ont le dos sensible. Tout est sur le site de Moutain Bothies Association. Encore une fois, prenez le temps de lire les recommandations et le code de l'utilisation des bothies, c'est souvent une question de bon sens, mais les respecter est vital pour que ceux qui marcheront sur vos pas en profitent aussi. 

-Pour l'eau, pas vraiment de soucis en fait. Il pleut régulièrement, et le nombre de ruisseau est hallucinant. Prenez quelques pastilles pour désinfecter l'eau, et la faire bouillir suffira la plus part du temps pour éviter les soucis.

-La haute saison, c'est à dire le pic de fréquentation se situe entre mi Juin et mi Aout. Cela correspond aussi au pic de Midges, ces petites bêtes qui chassent en nuage et qui sont la hantise du bivouaqueur. Nous en avons eu 2 soirs, donc pas de quoi fouetter un chat, mais c'est suffisamment pénible pour contraindre à manger sous la tente. Le mois de septembre est un peu plus pluvieux, mais offre l'avantage de ne rencontrer personnes. En moyenne 1 à 2 personnes par jour. 
Attention: savoir que du 15 septembre au 15 Octobre, c'est la période de la chasse au cerf. Privilégier donc des tenus voyantes. 

-Pour les tenus et les sacs, une bonne Goretex, un pantalon Goretex et un sursac sont indispensables, la cape de pluie peut être conseillée pour le confort lors des grosses pluies. En revanche, pensez à bien compartimenter vos sacs avec des sacs en plastique. 

-Les zones pour les bivouacs ne sont pas forcément légions, surtout sur les plateaux, gorgés d'eau. Privilégier les bras de rivières avec un sol bien sec et un peu sur élevés pour éviter les surprises en cas d'orage.

-Pour les intéressés, il existe une navette qui permet de faire Cape Wrath/Durness. Il faut réserver, mais celle-ci reste tributaire de la météo sur le canal. 
 
 Crédit photos: Greg (pour les panos) et Tonio

jeudi 8 novembre 2012

Tour du Mont Collon - Valais Suisse

Mont Collon dans la montée au refuge des Vignettes.
 Cela faisait longtemps que je n'étais pas aller faire un peu d'Alpi, donc quand les copains ont parlé de se faire un truc ensemble cet été, ça m'a bien motivé. Après quelques recherches de topos, nous sommes partis pour une boucle au départ d'Arolla en Suisse. Départ donc de Grenoble le 13 Août 2012 pour Arolla.

Vallée d'Arolla
Levé de soleil sur le pic de l’Évêque

Avant dernière partie en neige avec vue sur le pic Blanc en haut à gauche.

Dernière portion avant le sommet du Pic de l’Évêque

Lolo, Tonio, Pierro au top de leur forme et de l’Évêque

De gauche à droite: Tête de Valpeline, dent d'Hérens, Mont Brûlé( à droite de l'arête).

Refuge des Bouquetins vu des toilettes, en espérant qu'il y aura a nouveau une porte dans un futur proche...

Glacier d'Arolla bien sec.

Pierro au fourneau dans le refuge des bouquetins.

Col et Pic de l’Évêque. La descente se fait par la gauche du glacier avec de nombreuses crevasses à franchir.
Depuis la pointe Marcel Kurz

Dent Blanche, Tête Blanche, Col et Tête de Valpelline

Pierro depuis le Mont Brûlé avec la Dent d'Hérens et un bout du Cervin en arrière plan.

Passage près du col du Mont Brûlé avec l’Évêque au fond

Refuge Berthol
Dent Blanche
Pause repas au chaud tandis que le ciel se dégage.

Les zozos avec les traits un peu tirés. J'hésite entre la fatigue accumulée et le levé à 4h du matin.

Pigne d'Arolla et Soleil descendant

Retour sur la terre sèche et Pigne d'Arolla.


Jour 1: Arolla-Refuge des Vignettes.  

Montée tranquille au dessus d'Arolla jusqu'au glacier de Pièce ou l'on sort les crampons pour rejoindre le refuge 4 étoiles des Vignettes. Coup de chance ce soir là, nous n'étions pas plus d'une trentaine, soit 2 groupes par dortoirs. Encore faut-il avoir ses boules quies.

Jour 2: Refuge des Vignettes - l'Evèque - Refuge des Bouquetins.

Superbe traversée du glacier sous la face nord du petit Mont Collon. La première partie de la montée jusqu'au col sous la face nord de l'Evèque n'est pas difficile mais demande de faire gaffe avec des crevasses béantes. La partie la plus dure pour moi a été la redescente sur le Malakoff (Marie TM). La ou nous avons tricoté le plus a été dans la descente du col de l'Evèque vers le col Colon, le glacier étant très ouvert, nous contraignant a enjamber de nombreuses Crevasses. D'ailleurs le soir du jour 3, un duo de Valaisan est arrivé avec une cheville foulée dûe à une mauvaise réception au refuge des Bouquetins. 



Jour 3: Refuge des Bouquetins - Col Collon - Mont Brûlé (AR)

Après la longue journée de la veille, cette journée sera vite bouclée avec encore une superbe vue sur les montagnes environnantes, la Tête de Valpelline, la Tête Blanche, la Dent d'Hérens, la Dent Blanche, un bout du Cervin et les gigantesques glaciers environnants. Retour au pas de course jusqu'au refuge pour y passer la journée à lézardé au soleil et faire la sieste.

Jour 4: Refuge des Bouquetins - Col du Mont Brûlé - Col de valpelline - Tête Blanche - Cabane de Berthol 

Une nuit bien nuageuse a eu raison du regel et c'est avec une neige bien trempée et des nuages chargés que nous partons. Au pied du col, on s'apperçoit que l'on a oublié une des cordes et c'est notre pauvre Lolo qui se colle un allé-retour en sprint dans les pavés jusqu'au refuge. La montée au col du Mont Brûlé n'est pas très aisé à cause des pierres et de la pente. Attention aux chutes de pierre. La fin du col se termine par un couloir droit assez instable et plutôt raide. Une légère traversée plus à droite permet d'atteindre une petite arche sympathique pour basculer sur l'autre versant. S'en suit une courte descente avant la longue remontée en direction du col de valpelline. Avec le mauvais regel et la légère pluie les choix d'itinéraires n'étaient pas évidents afin d'éviter les crevasses. La présence des nuages au col et les conditions de neige nous feront abandonner l'idée d'aller jusqu'à la Tête de Valpelline. Avec l'absence de vue correcte, on passera également juste en dessous de la Tête Blanche avant de descendre en direction de la cabane Berthol. C'est avec un peu de regret que l'on a pu arriver avec un grand soleil sur le refuge alors que la Dent Blanche et le Cervin se dégageaient. Un bon casse croûte plus tard, le reste de l'après midi s'est égrainé au rythme des arrivées de groupe, de bain de soleil et de lecture.

Jour 5: Cabane Berthol - Arolla

Après des déboires de sac de soie avec deux groupes, c'est enfin une grasse matinée jusqu'au départ des derniers groupes. Une fois le petit déjeuné englouti, c'est une redescente tranquille via les cables et les derniers névés vers Arolla puis Grenoble pour que Lolo ne rate pas son train. C'est sur, ça doit faire bizarre d'être sur un glacier Suisse le matin et à Paris le soir même...

Une belle boucle, avec des paysages superbes et variés, passant du rocher à la neige ou à la glace. Quelques exercices de cordes, de beaux sommets, un sac trop petit, de bons gueuletons,... bref, c'était une bonne semaine! 

Crédit photos: Lolo et Tonio